Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/55

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Qu’en avez-vous fait ? reprit-elle en insistant.

— Plus tard, dit-il, quand vous serez calme, vous saurez tout.

— Je suis calme, répondit-elle, pourquoi feindre une pitié que vous n’éprouvez pas ? mon fils est mort, et c’est vous qui l’avez tué !

Don Ramon descendit de cheval.

— Jesusita, dit-il à sa femme en lui prenant les mains et la regardant avec tendresse, je vous jure par ce qu’il y a de plus sacré au monde, que votre fils existe ; je n’ai pas touché un cheveu de sa tête.

La pauvre mère resta pensive pendant quelques secondes.

— Je vous crois, dit-elle après un instant ; qu’est-il devenu ?

— Eh bien ! reprit-il avec hésitation, puisque vous voulez tout savoir, apprenez que si j’ai abandonné votre fils dans le désert… c’est en lui laissant les moyens de pourvoir à sa sûreté et à ses besoins.

Doña Jesusita tressaillit, un frisson nerveux parcourut tout son corps.

— Vous avez été clément, dit-elle d’une voix incisive et avec une ironie amère ; vous avez été clément envers un enfant de seize ans, don Ramon, il vous répugnait de tremper vos mains dans son sang, vous avez préféré laisser cette tâche aux bêtes fau-