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de désespoir impossible à rendre crispa ses traits :

— Ma mère !… ma mère !… s’écria-t-il.

Et il tomba à la renverse sur le sable.

Il était évanoui.

Après un temps de galop assez long, don Ramon ralentit insensiblement et comme malgré lui l’allure de son cheval, prêtant l’oreille aux bruits vagues du désert, écoutant avec anxiété, sans se rendre bien compte lui-même des raisons qui le faisaient agir, mais attendant peut-être un appel de son malheureux fils pour retourner auprès de lui. Deux fois même sa main serra machinalement la bride, comme s’il obéissait à une voix secrète qui lui commandait de revenir sur ses pas ; mais toujours l’orgueil féroce de sa race fut le plus fort, et il continua à marcher en avant.

Le soleil se levait au moment où don Ramon arrivait à l’hacienda.

Deux personnes debout, de chaque côté de la porte, attendaient son retour.

L’une était doña Jesusita, l’autre le majordome.

À l’aspect de sa femme, pâle et muette, qui se tenait devant lui comme la statue de la désolation, l’hacendero sentit une tristesse indicible lui serrer le cœur ; il voulut passer.

Doña Jesusita fit deux pas, et saisissant la bride du cheval :

— Don Ramon, lui dit-elle avec angoisse, qu’avez-vous fait de mon fils ?