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que faire ? comment m’acquitter envers lui ? reconnaître comme je le dois les immenses services qu’il nous a rendus ?

Il y eut un moment de silence.

Doña Luz se pencha vers le général et le baisant au front, elle lui dit d’une voix basse et tremblante en cachant son visage sur son épaule :

— Mon oncle, il me vient une idée.

— Parle, ma mignonne, répondit-il, parle sans crainte, c’est peut-être Dieu qui t’inspire.

— Vous n’avez pas de fils auquel vous puissiez léguer votre nom et votre immense fortune, n’est-ce pas, mon oncle ?

— Hélas ! murmura-t-il, j’ai cru un instant pouvoir en retrouver un, mais cet espoir s’est évanoui pour toujours, tu le sais, enfant, je suis seul !

— Le Cœur-Loyal pas plus que sa mère, ne voudront rien accepter de vous.

— C’est vrai.

— Cependant je crois qu’il y aurait un moyen de les obliger, de les forcer même.

— Et ce moyen ? dit-il vivement.

— Mon oncle, puisque vous regrettez tant de n’avoir pas de fils auquel vous puissiez après vous laisser votre nom, pourquoi n’adopteriez-vous pas le Cœur-Loyal ?

Le général la regarda, elle était toute rouge et toute frémissante.

— Oh ! mignonne, dit-il en l’embrassant avec