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Lorsque don Ramon eut pris place à la droite de sa femme, il fit un signe.

Le mayoral sortit et rentra un instant après suivi de Rafaël.

Le jeune homme était nu-tête, il avait les mains attachées derrière le dos.

Les yeux baissés, le visage pâle, il se plaça devant son père, qu’il salua respectueusement.

À l’époque où se passe notre histoire, surtout dans les pays éloignés des centres, et exposés aux continuelles incursions des Indiens, les chefs de famille avaient conservé dans toute sa pureté cette autorité patriarcale, que les efforts de notre civilisation dépravée tendent de plus en plus à amoindrir et à faire disparaître.

Un père était souverain dans sa maison, ses jugements étaient sans appel et exécutés sans murmures et sans résistance.

Les gens de la ferme connaissaient le caractère ferme et la volonté implacable de leur maître, ils savaient qu’il ne pardonnait jamais, que son honneur lui était plus cher que la vie, ce fut donc avec un sentiment de crainte indéfinissable qu’ils se préparèrent à assister au drame terrible qui allait se jouer devant eux entre le père et le fils.

Don Ramon se leva, promena un regard sombre sur l’assistance, et jetant son chapeau à ses pieds :

— Écoutez tous, dit-il d’une voix brève et profondément accentuée, je suis d’une vieille race chré-