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adressait et avec cette maladresse habituelle aux amoureux peu aguerris, il saisissait le premier prétexte venu pour la quitter.

La jeune fille le suivait tristement du regard, soupirait tout bas, parfois une perle liquide roulait silencieuse sur ses joues rosées, en voyant ce départ qu’elle prenait pour de l’indifférence, et qui était de l’amour.

Mais pendant les quelques jours qui s’étaient écoulés depuis la prise du camp, les jeunes gens avaient fait bien du chemin sans s’en douter, d’autant plus que la mère du Cœur-Loyal, avec cette seconde vue dont sont douées les mères vraiment dignes de ce titre, avait deviné la passion, les combats de son fils et s’était faite la confidente secrète de cet amour, l’aidant à leur insu et le protégeant de tout son pouvoir, tandis que chacun des amoureux était persuadé que son secret était enfoui au plus profond de son âme.

Voici où en étaient les choses, deux jours après la proposition faite par le capitaine à doña Luz.

Le Cœur-Loyal semblait plus triste et plus préoccupé qu’à l’ordinaire, il marchait à grands pas dans la grotte, en donnant des marques d’une vive impatience, par intervalles il lançait des regards inquiets autour de lui.

Enfin il s’appuya contre une des parois de la grotte, baissa la tête sur sa poitrine et resta plongé dans une profonde méditation.