Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/385

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cette matière, ne pouvaient rouler que sur les événements du jour.

Les semaines, les mois, les années se passaient sans amener de changement dans son existence, à part une inquiétude vague, sans cause connue, qui le minait sourdement et dont il ne pouvait se rendre compte.

C’est que la nature a des droits imprescriptibles et que tout homme doit s’y soumettre, n’importe dans quelle condition il se trouve.

Aussi, lorsque le hasard le mit en présence de doña Luz, par le même sentiment de sympathie instinctive et irrésistible qui agissait sur la jeune fille, son cœur vola-t-il vers elle.

Le chasseur étonné de cet intérêt subit qu’il ressentait pour une étrangère, que selon toutes probabilités il ne devait jamais revoir, lui en voulut presque de ce sentiment qui se révélait en lui, et mit dans ses rapports avec elle, une âpreté qui n’était pas dans son caractère.

Comme tous les esprits altiers, qui ont continuellement vu tout courber sans résistance devant eux, il se sentait froissé d’être dominé par une jeune fille, de subir une influence, à laquelle il ne pouvait déjà plus se soustraire.

Mais lorsque, après l’incendie de la prairie il quitta le camp des Mexicains, malgré la précipitation de son départ, il emporta le souvenir de l’étrangère avec lui.