Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/378

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Un instant, madame, s’écria le pirate avec violence, puisque vous méprisez mes prières, écoutez mes ordres !

— Vos ordres ! rugit le chasseur en bondissant jusqu’à lui, avez-vous oublié où vous êtes, misérable ?

— Allons ! trêve de menaces, mes maîtres ! reprit le pirate d’une voix éclatante, en croisant les bras sur sa poitrine, redressant la tête et lançant un regard de suprême dédain aux assistants, vous savez bien que vous ne pouvez rien contre moi, que pas un cheveu ne tombera de ma tête.

— C’en est trop ! s’écria le chasseur.

— Arrêtez, Cœur-Loyal, dit doña Luz, en se plaçant devant lui, cet homme est indigne de votre colère, je le préfère ainsi, il est bien dans son rôle de bandit, au moins il a jeté le masque !

— Oui, j’ai jeté le masque ! s’écria le pirate avec rage, écoutez-moi donc, folle jeune fille, dans trois jours, je reviendrai, vous voyez que je suis bon, ajouta-t-il avec un sourire sinistre, je vous donne le temps de réfléchir ; si alors vous ne consentez pas à me suivre, votre oncle sera livré à la plus atroce torture, comme dernier souvenir de moi, je vous enverrai sa tête.

— Monstre !… s’écria la jeune fille avec désespoir.

— Allons donc ! dit-il en haussant les épaules avec un ricanement de démon, chacun fait l’amour à sa façon, j’ai juré que vous seriez ma femme.