Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/371

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il commença son récit ; lorsqu’il fut arrivé à la prise du camp, il continua ainsi :

— C’était bien joué, n’est-ce pas, messieurs ? Certes, vous ne devez avoir que des compliments à m’adresser, vous qui êtes passés maîtres en pareille matière ; mais il est une chose que vous ignorez et que je vais vous dire : la prise des richesses du général mexicain n’était pour moi que d’une importance secondaire, j’avais un autre but, et ce but, je vais vous le faire connaître : Je voulais m’emparer de doña Luz. Depuis Mexico, je suivais pas à pas la caravane, j’avais corrompu leur guide chef, le Babillard, ancien affidé à moi ; abandonnant à mes compagnons l’or et les bijoux, je n’exigeais que la jeune fille.

— Eh mais ! vous avez manqué votre but, il me semble, interrompit Belhumeur, avec un sourire sardonique.

— Vous croyez ? répondit l’autre avec un aplomb imperturbable, au fait, vous avez raison, j’ai pour cette fois manqué mon but, mais tout n’est pas dit encore, et peut-être n’échouerai-je pas toujours.

— Vous parlez ici au milieu des cent cinquante meilleurs rifles de la prairie, de ce projet odieux, avec autant de confiance que si vous étiez en sûreté au milieu de vos bandits, caché au fond de l’un de vos repaires les plus ignorés, capitaine ; ceci est une grande imprudence, ou bien une outrecuidance rare, dit sévèrement le Cœur-Loyal.