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Le général se découvrit, prit un livre de prières et lut à haute voix l’office des morts, auquel sa nièce et les assistants répondaient avec onction.

Il y avait quelque chose de grandiose et de touchant dans cette cérémonie si simple, au milieu de ce désert, dont les mille voix mystérieuses semblaient moduler aussi une prière, en face de cette nature sublime, où le doigt de Dieu est tracé d’une manière si visible.

Ce vieillard à cheveux blancs, lisant pieusement l’office des morts, sur le corps d’un jeune homme, presque un enfant, plein de vie quelques heures auparavant, ayant auprès de lui cette jeune fille et ces soldats tristes, pensifs, que le même sort menaçait peut-être bientôt, mais qui, calmes, résignés, priaient avec ferveur pour celui qui n’était plus ; cette prière suprême s’élevant dans la nuit, accompagnée par les plaintes de la brise du soir, qui passait frissonnante dans les branches des arbres, rappelait les premiers temps du christianisme, alors que persécuté et contraint de se cacher, il se réfugiait au désert, pour être plus près de Dieu.

Rien ne vint troubler l’accomplissement de ce dernier devoir.

Après que chacun des assistants eut une fois encore fait de tristes adieux au mort, il fut descendu dans la fosse, enveloppé dans son manteau ; ses armes furent placées à côté de lui et la fosse fut comblée.