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était exposé à cette horrible profanation, résolut de ne pas abandonner son corps, et coûte que coûte, d’aller le chercher afin de lui donner la sépulture : dernier hommage rendu au malheureux jeune homme, qui n’avait pas hésité à se sacrifier pour lui.

Doña Luz à laquelle il fit part de son projet, bien qu’elle en comprît les dangers, n’eut pas la force de s’y opposer.

Le général choisit quatre hommes résolus et escaladant les retranchements, il s’avança à leur tête vers l’endroit où gisait le corps de l’infortuné capitaine.

Les lanceros restés au camp, surveillaient la plaine, prêts à protéger énergiquement leurs hardis compagnons, s’ils étaient inquiétés dans leur pieuse mission.

Les pirates, embusqués dans les fentes des rochers, ne perdaient pas un de leurs mouvements, mais ils se gardèrent de dénoncer leur présence.

Le général put donc tranquillement accomplir le devoir qu’il s’était imposé.

Le cadavre du jeune homme ne fut pas difficile à trouver.

Il gisait à moitié renversé au pied d’un arbre, tenant un pistolet d’une main, son machete de l’autre, la tête haute, le regard fixe et le sourire sur les lèvres, comme si, même après sa mort, il défiait encore ceux qui l’avaient tué.