Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/329

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

V

L’ALLIANCE.


Il nous faut maintenant revenir au Cœur-Loyal.

Après avoir marché une dizaine de minutes à peu près devant lui, sans même se donner la peine de suivre un de ces innombrables sentiers qui sillonnent les prairies dans tous les sens, le chasseur s’arrêta, posa la crosse de son fusil à terre, regarda avec soin de tous les côtés, prêta l’oreille à ces mille bruits du désert qui tous ont une signification pour l’homme habitué à la vie des prairies, et probablement satisfait du résultat de ses observations, il imita à trois reprises différentes, à intervalles égaux, le cri de la pie avec une telle perfection que plusieurs de ces oiseaux, cachés au plus épais des arbres, lui répondirent immédiatement.

À peine le troisième cri avait-il fini de vibrer dans l’air que la forêt, muette jusque-là et qui semblait plongée dans la solitude la plus complète, s’anima comme par enchantement.

De toutes parts, se levèrent du milieu des broussailles et des herbes où ils étaient enfouis, une foule de chasseurs aux traits énergiques, aux costumes pittoresques, qui formèrent en un instant un cercle épais autour du chasseur.