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— Oublié, quoi donc ? demanda le chasseur étonné.

— Je n’en fais jamais d’autres ! murmura le savant ; heureusement que le mal n’est pas grand et que, puisque vous êtes là, il est facile à réparer.

— De quel mal parlez-vous ? fit le trappeur avec un commencement d’inquiétude.

— Figurez-vous, continua tranquillement le docteur, que la science m’absorbe tellement que j’en oublie souvent le boire et le manger, à plus forte raison, n’est-ce pas, les commissions dont je me charge ?

— Au fait ! au fait ! dit le chasseur avec impatience.

— Ah ! mon Dieu ! c’est bien simple, j’ai quitté le camp au point du jour pour me rendre à votre hutte, mais, arrivé ici, j’ai été tellement charmé par les innombrables plantes rares que je foulais aux pieds de mon cheval que, sans plus songer à suivre ma route, je me suis arrêté d’abord pour arracher une plante, puis j’en ai aperçu une autre qui manquait à mon herbier, une autre après, ainsi de suite ; bref, je n’ai plus du tout songé à aller vous trouver, j’étais même tellement absorbé par mes recherches, que votre présence imprévue, il n’y a qu’un instant, ne m’a pas remis en mémoire la commission que j’avais à faire auprès de vous.

— Ainsi vous êtes parti du camp au lever du soleil ?