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— Qu’il en soit ainsi, fit le Cœur-Loyal.

Sur un signe du Soleil, les principaux chefs de la tribu vinrent se ranger autour de lui.

Belhumeur n’avait pas changé de position ; il était prêt, au moindre geste suspect, à sacrifier ses prisonniers.

Lorsque la pipe eut fait le tour du cercle formé près des chasseurs, le vieux chef se recueillit ; puis, après s’être incliné devant les blancs, il parla ainsi :

— Guerriers, je remercie le Maître de la vie de ce qu’il nous aime, nous Peaux-Rouges, et de ce qu’il nous envoie aujourd’hui ces deux hommes pâles qui pourront enfin ouvrir leur cœur. Prenez courage, jeunes gens, ne laissez pas vos âmes s’appesantir, et chassez loin de vous le mauvais esprit. Nous vous aimons, Cœur-Loyal, nous avons entendu parler de votre humanité pour les Indiens. Nous croyons que votre cœur est ouvert, et que vos veines coulent claires comme le soleil. Il est vrai que nous autres Indiens n’avons pas beaucoup de sens, lorsque l’eau ardente nous commande, et que nous pouvons vous avoir déplu dans diverses circonstances. Mais nous espérons que vous n’y penserez plus, et que, tant que vous et nous serons dans les prairies, nous chasserons côte à côte, comme doivent le faire des guerriers qui s’aiment et se respectent[1].

  1. Nous donnons ici la traduction de ce discours qui peut intéresser le lecteur comme spécimen du langage des Comanches.
    « Meegvoitch kitchée manitoo, kaigait-kee zargetoone an nishin-