Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/277

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’infortunée tomba accablée, presque sans connaissance.

La Tête-d’Aigle s’approcha d’elle.

— Ma mère est brave, dit-il, beaucoup de guerriers n’auraient pas souffert les épreuves avec autant de courage.

Un pâle sourire se dessina sur ses lèvres violettes.

— J’ai un fils, répondit-elle avec un regard d’une douceur ineffable, c’est pour lui que je souffre.

— Un guerrier est heureux d’avoir une telle mère.

— Pourquoi différer ma mort ? c’est être cruel que d’agir ainsi ; les guerriers ne doivent pas tourmenter les femmes.

— Ma mère a raison, ses tortures sont finies.

— Vais-je enfin mourir ? demanda-t-elle avec un soupir de soulagement.

— Oui, l’on prépare le bûcher.

Malgré elle, la pauvre femme sentit un frisson d’horreur parcourir tout son corps à cette affreuse nouvelle.

— Me brûler ! s’écria-t-elle avec épouvante, pourquoi me brûler ?

— C’est l’usage.

Elle laissa tomber sa tête dans ses mains, mais bientôt elle se redressa et fixant vers le ciel un regard inspiré :

— Mon Dieu, murmura-t-elle avec résignation, que votre volonté soit faite !