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ne donnent le dernier coup à leur ennemi que lorsqu’ils lui ont arraché la vie peu à peu et pour ainsi dire par lambeaux.

Les guerriers lancèrent leurs couteaux avec une si merveilleuse adresse que tous effleurèrent l’infortunée sans lui occasionner autre chose que des égratignures.

Cependant son sang coulait, elle avait fermé les yeux et, absorbée toute en elle-même, elle priait avec ferveur, appelant de tous ses vœux le coup mortel.

Les guerriers auxquels son corps servait de cible s’échauffaient peu à peu, la curiosité, l’envie de montrer leur adresse avaient pris dans leur esprit la place de la pitié que d’abord ils avaient ressentie. Ils applaudissaient avec de grands cris et des éclats de rire aux prouesses des plus adroits.

En un mot, comme cela arrive toujours, aussi bien chez les peuples civilisés que parmi les sauvages, le sang les grisait, leur amour-propre était en jeu, chacun cherchait à surpasser celui qui l’avait précédé, toute autre considération était oubliée.

Lorsque tous eurent lancé leurs couteaux, un petit nombre des plus adroits tireurs de la tribu s’arma de fusils.

Cette fois, il fallait avoir un œil sûr, car une balle mal dirigée, pouvait terminer le supplice et ravir aux assistants l’attrayant spectacle dont ils se promettaient tant de plaisir.