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punément. Est-il juste que nous souffrions leurs rapines sans nous plaindre ? Nous laisserons-nous égorger comme des ashahas craintifs sans chercher à nous venger ? La loi des prairies ne dit-elle pas œil pour œil, dent pour dent ? que mon père réponde, que mes frères disent si cela est juste ?

— La vengeance est permise, dit le Soleil, c’est le droit imprescriptible du faible et de l’opprimé ; cependant, elle doit être proportionnée à l’injure reçue.

— Bon ! mon père a parlé comme un homme sage, qu’en pensent mes frères ?

— Le Soleil ne peut mentir, tout ce qu’il dit est bien, répondirent les chefs.

— Mon frère a-t-il à se plaindre de quelqu’un ? demanda le vieillard.

— Oui, reprit la Tête-d’Aigle, j’ai été insulté par un chasseur blanc, plusieurs fois il a attaqué mon camp, il a tué dans une embuscade plusieurs de mes jeunes hommes, moi-même j’ai été blessé, comme vous pouvez le voir, la cicatrice n’est pas fermée encore ; cet homme enfin est le plus cruel ennemi des Comanches, qu’il poursuit et chasse comme des bêtes fauves, pour se repaître de leurs tortures et entendre leurs cris d’agonie.

À ces paroles prononcées avec une expression entraînante, un frémissement de colère parcourut l’assemblée. L’astucieux chef, comprenant que sa cause était gagnée dans l’esprit de ses auditeurs,