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Il y eut un moment de silence, chacun méditait profondément les paroles qui venaient d’être prononcées.

Enfin le plus âgé des chefs se leva.

C’était un vieillard vénérable dont le corps était sillonné d’innombrables cicatrices, et qui jouissait parmi les siens d’une grande réputation de sagesse.

Il se nommait Eshis – le Soleil.

— Mon fils la Tête-d’Aigle a, dit-il, une importante communication à faire au conseil des chefs, qu’il parle, nos oreilles sont ouvertes, la Tête-d’Aigle est un guerrier aussi sage qu’il est vaillant, ses paroles seront écoutées par nous avec respect.

— Merci, répondit le guerrier, mon père est la sagesse même, Natosh n’a rien de caché pour lui.

Les chefs s’inclinèrent.

La Tête-d’Aigle continua :

— Les visages pâles, nos éternels persécuteurs, nous poursuivent et nous harcèlent sans relâche, nous obligeant à leur abandonner un à un nos meilleurs territoires de chasse et à nous réfugier au fond des forêts comme les daims timides ; beaucoup d’entre eux osent venir jusque dans les prairies qui nous servent de refuges, trapper les castors et chasser les élans et les bisons qui sont notre propriété. Ces hommes sans foi, rebut de leur peuple, nous volent et nous assassinent quand ils peuvent le faire im-