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grave et réfléchie de leurs visages ils devaient agiter une question sérieuse.

Ce jour était le dernier de ceux accordés par la Tête-d’Aigle à nô Eusébio.

Le guerrier indien, fidèle à sa haine, et qui avait hâte de se venger, avait convoqué les grands chefs afin d’obtenir l’autorisation d’exécuter son abominable projet.

Nous le répétons ici, afin qu’on en soit bien convaincu, les Indiens ne sont pas cruels pour le plaisir de l’être. La nécessité est leur première loi, jamais ils n’ordonnent le supplice d’un prisonnier, d’une femme surtout, sans que l’intérêt de la nation l’exige.

Dès que les chefs furent réunis autour du feu du conseil, le porte-pipe entra dans le cercle, tenant le calumet tout allumé, il s’inclina vers les quatre points cardinaux en murmurant une courte prière, puis il présenta le calumet au chef le plus âgé, mais en conservant dans sa main le fourneau de la pipe.

Lorsque tous les chefs eurent fumé l’un après l’autre le porte-pipe vida la cendre du calumet dans le feu en disant :

— Chefs de la grande nation comanche, que Natosh – Dieu – vous donne la sagesse, faites que quelle que soit la détermination que vous allez prendre, elle se trouve conforme à la justice.

Puis après s’être respectueusement incliné il se retira.