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la Tête-d’Aigle, auquel vous avez eu l’adresse ou la maladresse de ne casser qu’un bras lorsqu’il vous était si facile de lui casser la tête, plaisanterie que, j’en suis convaincu, le chef comanche a prise en fort mauvaise part et qu’il ne vous pardonnera jamais ; du reste, j’avoue qu’à sa place j’aurais absolument les mêmes sentiments, je ne lui en veux donc pas pour cela.

— Au fait ! au fait ! interrompit le Cœur-Loyal.

— Le fait, le voilà, reprit Belhumeur sans s’étonner de l’interruption de son ami, c’est que la Tête-d’Aigle cherche par tous les moyens possibles à avoir votre chevelure, vous comprenez que si vous commettez l’imprudence de vous livrer à lui, il saisira l’occasion de régler définitivement ses comptes avec vous.

— Mais, répondit le Cœur-Loyal, ma mère est entre ses mains.

— Oui, fit Belhumeur, mais il l’ignore, vous savez, mon ami, que les Indiens, hors les cas exceptionnels, traitent fort bien les femmes dont ils s’emparent et qu’ils ont généralement les plus grands égards pour elles.

— C’est juste, dit le chasseur.

— Ainsi, comme personne n’ira dire à la Tête-d’Aigle que sa prisonnière est votre mère, à part l’inquiétude qu’elle doit éprouver sur votre compte, elle est aussi en sûreté au milieu des Peaux-Rouges que si elle se trouvait sur la grande place de Qué-