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— C’est mon avis, Cœur-Loyal, et je vous y aiderai de tout mon pouvoir.

— Demain, au point du jour, vous vous rendrez auprès de l’Élan-Noir, et vous le prierez en mon nom de réunir le plus de chasseurs blancs et de trappeurs qu’il le pourra.

— Très-bien.

— Pendant ce temps-là, j’irai au camp des Comanches afin de traiter de la rançon de ma mère ; s’ils ne veulent pas consentir à me la rendre, nous aurons recours aux armes, et nous verrons si une vingtaine des meilleurs rifles des frontières n’auront pas raison de cinq cents de ces pillards des prairies.

— Et s’ils vous font prisonnier ?

— En ce cas, je vous enverrai mon limier, qui vous rejoindra dans la grotte de la rivière ; en le voyant arriver seul vous saurez ce que cela voudra dire et vous agirez en conséquence.

Le Canadien secoua la tête.

— Non, dit-il, je ne ferai pas cela.

— Comment, vous ne ferez pas cela ? s’écria le chasseur étonné.

— Certes, non, je ne le ferai pas, Cœur-Loyal. À côté de vous, si brave et si intelligent, je suis bien peu de chose, je le sais, mais si je n’ai qu’une seule qualité, nul ne peut me l’enlever, cette qualité c’est mon dévouement pour vous.

— Je le sais, mon ami, vous m’aimez comme un frère.