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ment une fièvre qui depuis deux mois me tourmentait, et dont je ne pouvais me débarrasser.

— Tant mieux, je suis heureuse de ce résultat.

— Je voudrais faire quelque chose pour vous, afin de reconnaître ce service.

— Merci, mon ami, mais je ne sais trop à quoi vous pourrez m’être utile, si ce n’est en me montrant les castors.

Le trappeur secoua la tête.

— Peut-être à autre chose, dit-il, et plus tôt que vous le croyez. Écoutez-moi attentivement, señorita, je ne suis qu’un pauvre homme, mais ici, dans la prairie, nous savons bien des choses que Dieu nous révèle, parce que nous vivons face à face avec lui ; je veux vous donner un bon conseil : cet homme qui vous sert de guide est un fieffé coquin, il est connu pour tel dans toutes les prairies de l’Ouest ; je me trompe fort, ou il vous fera tomber dans quelque guet-à-pens, il ne manque pas par ici de mauvais drôles avec lesquels il peut s’entendre pour vous perdre, ou tout au moins pour vous dévaliser.

— Êtes-vous sûr de ce que vous dites ? s’écria la jeune fille, effrayée de ces paroles qui coïncidaient si étrangement avec ce que le Cœur-Loyal lui avait dit.

— J’en suis aussi sûr qu’un homme peut affirmer une chose dont il n’a pas de preuves, c’est-à-dire que, d’après les antécédents du Babillard, on doit s’attendre à tout de sa part ; croyez-moi, s’il ne vous