Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/196

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Oh ! bien sûr, seigneurie, ce fait est connu de tous les Indiens, ils ne s’y trompent pas, allez, car à mesure qu’ils voient arriver les abeilles, ils se retirent.

— Ceci est véritablement singulier.

— Ce miel doit être bien bon, dit doña Luz.

— Excellent, señorita, et si vous le désirez, rien n’est plus facile que de nous en emparer.

— Faites, dit le général.

Le guide qui depuis quelques instants avait déposé sur les buissons un appât pour les abeilles, dont avec sa vue perçante il avait aperçu plusieurs voler au milieu des broussailles, fit signe à ceux qui le suivaient de s’arrêter.

Les abeilles s’étaient en effet posées sur l’appât et l’exploraient dans tous les sens, lorsqu’elles eurent fait leur provision, elles s’élevèrent très haut dans les airs, puis elles prirent leur vol en ligne droite avec une vélocité égale à celle d’une balle.

Le guide examina attentivement la direction qu’elles prenaient et, faisant signe au général, il se lança sur leurs traces suivi de toute la troupe, en se frayant un chemin à travers les racines entrelacées, les arbres tombés, les buissons et les broussailles, les yeux toujours tournés vers le ciel.

De cette façon, ils ne perdirent pas de vue les abeilles chargées et après une heure d’une poursuite des plus difficiles, ils les virent arriver à leur ruche pratiquée dans le creux d’un ébénier mort ;