Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/171

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XI

LE MARCHÉ.


Les Indiens et les coureurs des bois ont deux langues, dont ils se servent tour à tour, suivant les circonstances.

La langue parlée, et la langue mimée.

Comme la langue parlée, la langue mimée a en Amérique des fluctuations infinies, chacun, pour ainsi dire, fait la sienne. C’est un composé de gestes bizarres et mystérieux, une espèce de télégraphe maçonnique, dont les signes qui varient à volonté ne sont compréhensibles que pour un petit nombre d’adeptes.

Le Babillard et son compagnon s’entretenaient par gestes.

Cette conversation singulière dura près d’une heure, elle semblait vivement intéresser les interlocuteurs, si vivement les intéresser même, qu’ils ne remarquèrent pas, malgré les précautions extrêmes dont ils avaient usé pour ne pas être surpris, deux yeux ardents qui du milieu d’un fourré étaient fixés sur eux avec une ténacité étrange.

— Enfin, dit le Babillard en se risquant à prononcer quelques mots, j’attends votre bon plaisir.