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— Non, répondit le métis d’une voix ferme, je suis un sot, ma vie t’appartient, tue-moi.

— Sois tranquille, je te réserve une mort indienne.

— Hâte-toi, si tu veux te venger, reprit le chasseur avec ironie, car bientôt il sera trop tard.

— J’ai le temps… Pourquoi nous as-tu trahis, misérable ?

— Que t’importe ?

— Je veux le savoir.

— Eh bien ! sois satisfait, dit le chasseur après un instant de silence, les blancs tes frères sont les bourreaux de toute ma famille, j’ai voulu me venger.

— Mais nous ne t’avions rien fait, nous ?

— N’êtes-vous pas des blancs ? tue-moi et que cela finisse… je puis mourir avec joie, car de nombreuses victimes me suivront dans la tombe.

— Eh bien ! puisqu’il en est ainsi, dit le capitaine avec un rire sinistre, je vais t’envoyer rejoindre tes frères, tu vois que je suis un loyal adversaire.

Alors appuyant fortement son genou sur la poitrine du chasseur afin de l’empêcher de se soustraire au châtiment qu’il lui réservait :

— À l’indienne, lui dit-il.

Et prenant son couteau, il saisit de la main gauche l’épaisse et rude chevelure grise du métis et avec une dextérité inouïe, il la lui enleva.

Le chasseur ne put retenir un cri d’effroyable dou-