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plate-forme éclairée par les reflets sinistres de l’incendie, dont l’intensité croissait à chaque seconde, avaient une expression terrifiante pour le spectateur auquel il aurait été donné de les contempler de sang-froid.

Chacun d’eux personnifiait en lui ces deux races en présence aux États-Unis, dont la lutte ne finira que par l’extinction complète de l’une au profit de l’autre.

À leurs pieds le combat prenait les gigantesques proportions d’une épopée.

Les Indiens se ruaient avec rage et en poussant de grands cris contre les retranchements, où les Américains les recevaient par des décharges à bout portant ou à coups de baïonnette.

Mais le feu gagnait toujours, les soldats tombaient les uns après les autres ; bientôt tout serait fini.

À la menace de Blancs-Yeux, le capitaine avait répondu par un sourire de mépris.

Prompt comme l’éclair, il avait déchargé son pistolet sur le chasseur ; celui-ci avait laissé échapper son fusil, son bras droit était fracassé.

Le capitaine se précipita sur lui avec un rugissement de joie.

Le métis fut renversé par ce choc imprévu.

Alors son ennemi lui appuya le genou sur la poitrine et le considéra un instant.

— Eh bien ! lui dit-il, avec un rire amer, me suis-je trompé ?