Ils cheminaient ainsi depuis assez longtemps ; déjà ils entendaient à peu de distance le murmure sourd des eaux de la rivière, lorsque tout à coup le hennissement d’un cheval frappa leurs oreilles.
— On nous poursuit, dit Cœur-Loyal en s’arrêtant.
— Hum ! fit Belhumeur, c’est peut-être un cheval sauvage.
— Non, le cheval sauvage ne hennit pas de cette façon, ce sont les Comanches, du reste, ajouta-t-il, nous allons le savoir.
Alors s’étendant à terre, il colla son oreille sur le sol et écouta.
Il se releva presque aussitôt.
— J’en étais certain, dit-il, ce sont les Comanches, mais ils ne suivent pas une piste franche, ils hésitent.
— Ou peut-être leur marche est-elle retardée par la blessure de la Tête-d’Aigle.
— C’est possible ! oh ! oh ! se croient-ils donc capables de nous atteindre, si nous voulons leur échapper ?
— Ah ! si nous n’étions pas chargés, ce serait bientôt fait.
Le Cœur-Loyal réfléchit un instant.
— Venez, dit-il, nous avons une demi-heure devant nous, c’est plus qu’il en faut.
Un ruisseau coulait à une légère distance, le chasseur entra dans son lit avec son compagnon qui suivait tous ses mouvements.