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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

Le capitaine réprima un mouvement d’impatience.

— Nous ne sommes pas ici dans une des grandes villes de l’intérieur de l’Union américaine où la loi protège les citoyens et garantit leur sûreté ; nous sommes, au contraire, sur le territoire des Peaux-Rouges, éloignés de toute autre protection que la nôtre ; nous n’avons de secours à attendre de personne, et, au contraire, nous sommes entourés d’ennemis vigilants qui guettent le moment propice de nous attaquer, et de nous massacrer s’ils le peuvent ; il est donc de notre devoir de veiller nous-mêmes avec la plus grande vigilance à notre sûreté que la moindre imprudence compromettrait gravement. Comprenez vous cela, chef ?

— Oui, mon père a bien parlé, sa tête est grise, sa sagesse est grande.

— Je dois donc surveiller avec soin, reprit le capitaine, les démarches de toutes les personnes qui de près ou de loin appartiennent à la colonie, et lorsque leurs démarches me semblent suspectes, leur demander des explications qu’elles n’ont pas le droit de me refuser : or, je suis contraint de vous avouer à mon grand regret, chef, que la vie que vous menez depuis quelque temps me semble plus que suspecte, qu’elle a éveillé mon attention et que j’attends de vous une réponse satisfaisante.

Le Peau-Rouge était demeuré impassible ; pas un muscle de son visage n’avait bougé : le capitaine qui l’examinait attentivement ne put surprendre sur ses traits la moindre trace d’émotion. L’Indien s’attendait à la question qui lui était faite, et il était prêt à y répondre.

— Le Visage-de-Singe a conduit mon père et ses