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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

la moindre objection contre l’exécution de ses projets ; élevée elle-même sur un défrichement peu éloigné de la frontière, elle était à peu près familiarisée avec les Indiens que l’habitude de les voir lui avait apprise à ne plus redouter ; d’ailleurs peu lui importait le lieu de sa résidence, pourvu qu’elle eût son mari auprès d’elle.

Tranquille du côté de sa femme, le capitaine se mit à l’œuvre avec cette fiévreuse activité qui le distinguait.

L’Amérique est la terre des prodiges, c’est peut-être le seul pays du monde où il soit possible de trouver, du jour au lendemain, les hommes et les choses indispensables pour l’exécution des projets les plus fous et les plus excentriques.

Le capitaine ne se faisait pas la plus petite illusion sur les conséquences probables de la détermination qu’il avait prise, aussi voulait-il, autant que cela lui serait possible, parer à toutes les éventualités et assurer la sécurité des personnes qui devaient l’accompagner sur sa concession et en premier lieu de sa femme et de ses enfants.

Du reste, son choix ne fut pas long à faire : parmi ses anciens compagnons, c’est-à-dire ses anciens soldats, beaucoup ne demandaient pas mieux que de le suivre, entre autres un vieux sergent, nommé Walters Bothrel, qui avait servi sous ses ordres pendant près de quinze ans, et qui à la première nouvelle du retrait de la commission de son chef, l’était venu trouver en lui signifiant que puisqu’il quittait le service, il était inutile que, lui, il y demeurât davantage, et qu’il était certain que son capitaine ne lui refuserait pas la faveur de le suivre.