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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

qui, pendant la plus grande partie de leur vie, avaient noblement versé leur sang pour leur patrie.

Le capitaine Jam Watt était le fils d’un officier distingué de la guerre de l’indépendance ; le colonel Lionel Watt, officier d’ordonnance de Washington, avait, aux côtés de ce célèbre fondateur de la République américaine, assisté à toutes les batailles livrées aux Anglais ; blessé grièvement au siège de Boston, il avait, à son grand regret, été contraint de rentrer dans la vie privée ; mais, fidèle à ses principes de loyauté, aussitôt que son fils James eut atteint sa vingtième année, il lui fit prendre sa place sous les drapeaux.

À l’époque où nous les mettons en scène, James Watt était un homme de quarante-cinq ans environ, bien qu’il en parût dix de plus au moins, à cause des fatigues sans nombre du dur métier des armes dans lequel s’était écoulée sa jeunesse.

C’était un homme de cinq pieds huit pouces, fortement charpenté, large d’épaules, sec, nerveux, et doué d’une santé de fer ; son visage dont les lignes étaient d’une rigidité extrême, était empreint de cette expression d’énergique volonté mêlée d’insouciance, trait particulier aux physionomies des hommes dont l’existence n’a été qu’une suite continuelle de dangers surmontés. Sa chevelure courte et grisonnante, son teint hâlé, ses yeux noirs et perçants, sa bouche bien fendue, mais aux lèvres un peu minces, imprimaient à sa figure une expression de sévérité inflexible qui ne manquait pas de grandeur.

Le capitaine Watt, marié depuis deux ans à une charmante jeune fille qu’il adorait, était père de deux enfants, un garçon et une fille.