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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

geance ; mes frères poursuivis comme des bêtes fauves par leurs féroces ennemis, contraints de se cacher au fond des forêts les plus impénétrables, m’avaient élu pour chef ; j’acceptai en faisant jurer aux guerriers de ma nation de venger, sur les Visages-Pâles qui se sont emparés de notre village et ont massacré nos frères, le mal qu’il nous ont fait ; depuis notre séparation je n’ai pas perdu un instant pour rassembler tous les éléments de ma vengeance. Aujourd’hui tout est prêt, les Visages-Pâles se sont endormis dans une trompeuse sécurité, leur réveil sera terrible. Mon frère me suivra-t-il ?

— Oui pardieu ! je vous suivrai, chef, et je vous aiderai de tout mon pouvoir, répondit résolument Tranquille, car votre cause est juste, mais à une condition.

— Que mon frère parle.

— La loi du désert dit œil pour œil, dent pour dent, cela est vrai, mais vous pouvez vous venger sans déshonorer votre victoire par d’inutiles barbaries ; ne suivez pas l’exemple qui vous a été donné, soyez humain, chef, le Grand-Esprit sourira à vos efforts et vous sera favorable.

— Le Cerf-Noir n’est pas cruel, répondit le chef, il laisse cela aux Visages-Pâles, il ne veut que la justice.

— Ce que vous dites-là est bien, chef, je suis heureux de vous entendre parler ainsi, mais vos mesures sont-elles bien prises, vos forces sont-elles assez considérables pour vous assurer le succès. Vous savez que les Visages-Pâles sont nombreux, ils ne laissent jamais une agression impunie ; vous devez vous attendre, quoi qu’il arrive, à de terribles représailles.