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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

— Bien, répondit affectueusement le chasseur, je vous remercie, l’intention était bonne ; heureusement votre intervention a été inutile, du reste vous aviez mieux fait de rester ici.

— Quoi qu’il arrive de moi, soyez certain, maître, que je vous en conserverai une éternelle reconnaissance.

— Tant mieux pour vous, Quoniam, cela me prouvera que vous n’êtes pas ingrat, ce qui est un des plus vilains vices dont l’humanité soit affligée ; mais, avant tout, faites-moi le plaisir de ne plus m’appeler maître, cela me chagrine : ce mot maître implique une condition dégradante d’infériorité, et puis je ne suis pas votre maître, je ne suis que votre compagnon.

— Quel autre nom un pauvre esclave peut-il vous donner ?

— Le mien, pardieu ! Appelez-moi Tranquille comme moi je vous appelle Quoniam. Tranquille n’est pas un nom difficile à retenir, je suppose.

— Oh ! pas le moins du monde, fit en riant le nègre.

— Bon ! voilà qui est convenu ; maintenant passons à autre chose, et d’abord prenez ceci.

Le chasseur sortit alors un papier de sa ceinture et le remit au noir.

— Qu’est cela ? demanda-t-il en jetant un regard inquiet sur le papier que son ignorance l’empêchait de déchiffrer.

— Cela ? reprit en souriant le chasseur, c’est un talisman précieux qui fait de vous un homme comme tous les autres et vous raye du nombre des animaux au milieu desquels vous avez été confondu jusqu’à