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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

La conversation perdit le ton gourmé qu’elle avait eu jusqu’à ce moment, le soldat s’assit sur un crâne de bison, et les trois hommes, désormais d’accord, discutèrent de bonne amitié les meilleurs moyens à employer pour ne pas subir un échec.

Le plan proposé par le soldat était d’une simplicité et d’une facilité d’exécution qui en garantissaient le succès, aussi fut-il adopté dans toutes ses parties et la discussion ne roula que sur les questions de détail.

Enfin, à une heure assez avancée de la nuit, les trois hommes se séparèrent, afin de prendre quelques instants d’un repos indispensable entre les fatigues de la journée qui venait de s’écouler et celles qu’ils auraient à supporter le jour suivant.

Gregorio dormit, suivant l’expression espagnole, a pierna suelta, c’est-à-dire qu’il ne fit qu’un somme.

Deux heures environ avant le lever du soleil, le Jaguar se pencha sur le dormeur et le réveilla ; le soldat se leva aussitôt, se frotta un instant les yeux, et au bout de cinq minutes il était aussi dispos et aussi frais que s’il avait dormi quarante-huit heures.

— Il est temps de partir, lui dit le Jaguar à demi-voix ; John Davis a lui-même bouchonné et sellé votre cheval, venez.

Ils sortirent de la tente ; en effet, l’Américain tenait en bride le cheval du soldat, celui-ci se mit en selle d’un bond sans se servir des étriers afin de montrer qu’il était parfaitement reposé.

— Surtout, observa le Jaguar, la plus grande prudence, veillez avec soin sur vos paroles et sur vos moindres gestes, vous allez avoir affaire à l’of-