jeune homme, puis, croisant le pouce de la main droite sur celui de la main gauche, il dit d’une voix ferme et accentuée :
— Moi, Gregorio Felpa, je jure, sur cette relique, d’accomplir fidèlement toutes les clauses du marché que je viens de conclure avec le noble capitaine nommé le Jaguar : si je fausse mon serment, je renonce dès aujourd’hui à tout jamais à la part que j’espère en paradis et je me voue aux flammes éternelles de l’enfer. — Maintenant, ajouta-t-il, gardez cette précieuse relique : vous me la rendrez à mon retour.
Le capitaine, sans répondre, la suspendit immédiatement à son cou.
Étrange contradiction du cœur humain, anomalie inexplicable : ces hommes, ces Indiens, païens pour la plupart, malgré le baptême qu’ils ont reçu, et qui, tout en affectant de suivre ostensiblement les règles de notre religion, pratiquent en secret les rites de leur culte, ont une foi vive dans les reliques et les amulettes ; tous en portent au cou dans de petits sachets, et ces hommes, dissolus et pervers, pour lesquels il n’y a rien de sacré, qui se rient des sentiments les plus nobles, dont la vie se passe à imaginer des fourberies et à machiner des trahisons, professent un si grand respect pour ces reliques, qu’il n’y a pas d’exemple qu’un serment, prêté sur l’une d’elles, ait été jamais faussé.
Explique qui voudra ce fait extraordinaire, quant à nous, nous nous bornons à le constater.
Devant le serment prêté par le soldat les soupçons du Jaguar s’évanouirent immédiatement pour faire place à la plus entière confiance.