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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

— Oh non ! pas encore, répondit le guide.

— Cependant nous voici bientôt entre deux collines.

— Oui, mais de peu d’élévation.

— C’est vrai, pourtant si je ne me trompe, nous allons traverser un défilé.

— Oui, mais de peu d’étendue.

— Vous auriez dû m’en prévenir.

— Pourquoi cela ?

— Afin que je détache quelques éclaireurs en avant.

— C’est juste, mais il est temps encore de le faire si vous le voulez, c’est au bout de ce défilé que se trouvent ceux qui nous attendent.

— Ainsi nous sommes arrivés ?

— À peu près.

— Piquons, alors.

— Je ne demande pas mieux.

Ils continuèrent.

Tout à coup le guide s’arrêta.

— Eh ! dit-il, capitaine, regardez donc là : n’est-ce pas un canon de fusil qui brille aux rayons du soleil ?

Le capitaine leva vivement les yeux dans la direction que lui indiquait le soldat.

Au même instant une effroyable décharge éclata de chaque côté de la route et une grêle de balles plut sur la caravane.

Avant que le capitaine, furieux de cette indigne trahison, eût sorti un pistolet de sa ceinture, il roula sur le sol, entraîné par son cheval qu’une balle avait frappé au cœur.

Le guide avait disparu, sans qu’il fût possible de savoir comment il s’était échappé.