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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

de ces paroles et je m’élançais vers lui dans l’intention de lui adresser les reproches que je me croyais le droit de lui faire, il était mort.

— Et quel était cet homme ? l’avez-vous su ?

— Oui, c’était un salteador que dans une rencontre les civicos avaient mortellement blessé et qu’ils transportaient sur les marches de la cathédrale afin qu’il y achevât de mourir.

— Est-ce tout ? demanda le capitaine.

— Oui.

— Eh bien ! mon ami, j’ai bien fait d’insister pour connaître les motifs de votre inquiétude présente.

— Ah !

— Oui, car vous avez interprété le présage dont vous avez été favorisé tout autrement que vous auriez dû le faire.

— Comment cela ?

— Je m’explique : ce présage signifie au contraire qu’avec de la prudence et une vigilance infatigable, vous déjouerez les trahisons, et que vous abattrez à vos pieds les bandits qui oseront vous attaquer.

— Oh ! s’écria l’arriero avec joie, êtes-vous sûr de ce que vous avancez ?

— Comme de mon salut dans l’autre monde, répondit le capitaine en se signant dévotement.

L’arriero avait une foi profonde aux paroles du capitaine, pour lequel il professait une profonde estime à cause de sa supériorité bien constatée ; il ne bougea donc pas à révoquer en doute l’assurance que celui-ci lui donnait de l’erreur qu’il avait commise dans l’interprétation du présage qui lui avait