ravant, il avait été aperçu. Au dire des Indiens et des aventuriers, il était invulnérable, les balles et les flèches rebondissaient sur sa poitrine ; bientôt, grâce au continuel bonheur qui accompagnait toutes ses entreprises, cet homme devint un sujet de terreur universel dans la prairie : ses ennemis, convaincus que tout ce qu’ils tenteraient contre lui serait inutile, renoncèrent à une lutte qu’ils considérèrent comme s’adressant à un pouvoir supérieur ; les légendes les plus étranges coururent sur son compte ; chacun le redouta comme un être malfaisant ; les Indiens le nommèrent kiéin-stomann, c’est-à-dire le Scalpeur-Blanc, et les aventuriers le désignèrent entre eux par l’épithète de Sans-Pitié.
Ces deux noms avaient, ainsi qu’on le voit, été à juste titre donnés à cet homme pour qui le meurtre et le carnage semblaient être la jouissance suprême, tant il prenait de plaisir à sentir ses victimes palpiter sous sa main rouge de sang, et à leur arracher le cœur de la poitrine. Aussi son nom seul prononcé à voix basse glaçait-il d’épouvante les plus braves.
Mais qui était cet homme ?
D’où venait-il ?
Quelle affreuse catastrophe l’avait jeté dans l’horrible genre de vie qu’il menait ?
Nul n’aurait pu répondre à ces questions. Cet individu était une épouvantable énigme dont personne n’avait le mot.
Une de ces monstrueuses organisations qui, sous l’enveloppe de l’homme, renferment un cœur de tigre ?
Ou bien une âme ulcérée par un épouvantable