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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

L’Indien s’arrêta, afin d’étudier avec soin les traces qu’il avait découvertes.

Ces traces semblaient appartenir à un seul individu ; elles étaient lourdes, larges, faites sans précaution, et paraissaient plutôt le fait d’un homme blanc ignorant les usages de la prairie que celui d’un chasseur ou d’un Indien.

Les buissons étaient froissés comme si la personne qui les avait traversés l’avait fait de vive force et en courant sans se donner la peine d’écarter les branches ; la terre piétinée était, par places, imbibée de sang.

Le Renard-Bleu ne comprenait rien à cette piste étrange, qui ne ressemblait en aucune façon à celles qu’il était habitué à suivre.

Était-ce une feinte employée par ses ennemis pour le tromper plus facilement en lui laissant voir une piste grossière destinée à dissimuler la véritable ? Était-ce au contraire réellement la trace d’un homme blanc fourvoyé dans le désert dont il ignorait les coutumes ?

L’Indien ne savait à quelle opinion s’arrêter, sa perplexité était grande. Pour lui, il était évident que c’était de cet endroit qu’était partie la fusillade dont il avait été salué au moment où il allait commencer son discours ; mais dans quel intérêt l’homme, quel qu’il fût, qui avait choisit cette embuscade, avait-il laissé des traces si manifestes de son passage ? Il devait bien supposer que son agression ne demeurerait pas impunie, et que ceux qu’il avait voulu prendre pour cible se mettraient immédiatement à sa poursuite.

Enfin, après avoir longtemps cherché dans son