Page:Aimard - Les Rôdeurs de frontières, 1910.djvu/247

Cette page a été validée par deux contributeurs.
241
LES RODEURS DE FRONTIÈRES

sombres en bandes blanchâtres ; toute hésitation disparut de son visage.

— Vous avez raison, père, dit-elle d’une voix ferme, j’ai à vous entretenir d’une affaire de la plus grande importance, j’ai peut-être trop tardé à le faire, car il s’agit de vie et de mort.

— Tu m’effraies.

— Écoutez-moi.

— Parle, enfant, parle sans crainte, et compte sur mon amour pour toi.

— J’y compte, mon bon père, aussi vous saurez tout.

— Bien.

Doña Carmela sembla se recueillir un instant, puis laissant sa main mignonne tomber dans la rude et large main de son père, tandis que ses longs cils soyeux s’abaissaient timidement pour servir de voile à son regard, elle commença d’une voix faible d’abord, mais qui bientôt se rassura et devint ferme et distincte.

— Lanzi vous a dit que la rencontre d’une conducta de plata campée à peu de distance de l’endroit où nous nous trouvons, l’avait aidé à échapper à la poursuite des païens. Mon père, cette conducta a passé la nuit dernière à la venta, le capitaine qui commande l’escorte est un des officiers les plus distingués de l’armée mexicaine ; déjà plusieurs fois vous avez entendu parler de lui avec éloge, je crois même que vous le connaissez personnellement ; il se nomme don Juan Melendez de Gongora.

— Ah ! fit Tranquille.

La jeune fille s’arrêta toute palpitante.

— Continue, reprit doucement le Canadien.