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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

— Vous le verrez, j’ai scié deux planches de l’enclos du corral ; montez à cheval : dès que vous m’entendrez ouvrir la porte, partez à toute bride.

— Mais vous ?

— Ne vous inquiétez pas de moi, mais éperonnez votre cheval.

— Je ne veux pas vous abandonner.

— Bah ! bah ! il ne s’agit pas de niaiseries ; je suis vieux, ma vie ne tient qu’à un fil, la vôtre est précieuse, il faut la sauver ; laissez-moi faire, vous dis-je.

— Non, à moins que vous ne me disiez…

— Je ne vous dirai rien. Vous rencontrerez Tranquille au gué del Venado ; plus un mot !

— Ah ! c’est ainsi, fit-elle. Eh bien ! je jure que je ne bougerai pas d’auprès de vous, quoi qu’il arrive.

— Vous êtes folle ; ne vous ai-je pas dit que je voulais jouer un bon tour aux Indiens ?

— En effet !

— Eh bien ! vous verrez. Seulement, comme je redoute quelque imprudence de votre part, je désire vous voir partir en avant, voilà tout.

— Me dites-vous vrai ?

— Certes ! au bout de cinq minutes, je vous aurai rejoint.

— Me le promettez-vous ?

— Croyez-vous que je m’amuserais à rester ici ?

— Mais que prétendez-vous faire ?

— Voici les Indiens ; sortez et n’oubliez pas de partir à toute bride dès que j’ouvrirai la porte et de vous diriger vers le gué del Venado.

— Mais, je compte…