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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

la tête et rentra à pas lents et toute pensive dans la venta.

— Il le hait, murmura-t-elle d’une voix basse et émue ; il le hait, voudra-t-il le sauver ?

Elle se laissa tomber sur un équipal et pendant quelques instants elle demeura plongée dans de profondes réflexions.

Enfin elle releva la tête : une rougeur fébrile colorait son visage ; ses yeux si doux semblaient lancer des éclairs.

— Je le sauverai, moi ! s’écria-t-elle avec une résolution souveraine.

Après cette exclamation elle se leva, et traversant la salle à grands pas, elle entr’ouvrit la porte du corral.

— Lanzi ? cria-t-elle.

— Niña ? répondit le métis occupé en ce moment à donner l’alfalfa à deux chevaux de prix appartenant à la jeune fille, et dont il avait la garde spéciale.

— Venez.

— Me voici ; je suis à vous dans un instant.

En effet, au bout de cinq minutes tout au plus, il apparut sur le seuil de la salle.

— Que désirez-vous, señorita, dit-il avec cette obséquiosité calme, habituelle aux domestiques gâtés par leurs maîtres, je suis bien occupé en ce moment.

— C’est possible, mon bon Lanzi, répondit-elle doucement, mais ce que j’ai à vous dire ne souffre aucun retard.

— Oh ! oh ! fit-il d’un ton légèrement étonné, que se passe-t-il donc ?