côté opposé, résonna en ce moment à une légère distance.
— Quand je vous disais, reprit paisiblement le Canadien, qu’il était accouplé.
— Je n’en doutais pas. Si vous ne connaissiez pas les habitudes des tigres, qui donc les saurait ?
Le pauvre poulain s’était relevé ; il tremblait de tous ses membres ; à demi-mort de frayeur, la tête cachée entre ses jambes de devant, il se tenait raide sur ses pieds en poussant de petits cris plaintifs.
— Hum ! dit Quoniam. Pauvre innocente bête, elle comprend qu’elle est perdue.
— J’espère que non.
— Le jaguar l’étranglera.
— Oui, si nous ne le tuons pas auparavant.
— Pardi ! fit le nègre, je vous avoue que je serais charmé que ce malheureux poulain échappât.
— Il échappera, dit le chasseur, je l’ai choisi pour Carmela.
— Bah ! alors pourquoi l’avez-vous amené ici ?
— Pour l’habituer au tigre.
— Tiens, c’est une idée, cela ; alors, je ne m’occupe plus de ce côté ?
— Non, ne songez qu’au jaguar qui viendra à votre droite, moi, je me charge de l’autre.
— C’est entendu.
Deux autres rugissements plus puissants éclatèrent presque en même temps.
— Il a soif, observa Tranquille ; sa colère s’éveille, il commence à se rapprocher.
— Bon ! faut-il nous préparer ?
— Attendez encore, nos ennemis hésitent ; ils ne