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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

sité de faire un exemple en châtiant rudement le Padre Antonio.

Depuis longtemps déjà de graves soupçons planaient sur le moine, sa conduite ambiguë avait éveillé des inquiétudes et fait naître des présomptions nullement en faveur de son honorabilité.

Don Juan s’était promis à la première occasion qui se présenterait d’éclaircir ses doutes ; nous avons dit de quelle façon il y était parvenu en faisant une contre-mine, c’est-à-dire en faisant espionner l’espion par d’autres plus adroits que lui, et le prenant presque en flagrant délit.

Cependant nous devons rendre cette justice au digne moine de constater que la politique n’entrait pour rien dans sa manière d’agir ; non, ses pensées ne s’élevaient pas jusque-là : sachant que le capitaine était chargé d’escorter une conducta de plata, il n’avait cherché à le faire tomber dans un piége que pour avoir une part de ses dépouilles et faire sa fortune d’un seul coup, afin de se donner les jouissances dont jusque-là il avait été privé ; ses pensées n’étaient pas allées plus loin, le digne homme était tout simplement un voleur de grand chemin, mais il n’y avait nullement en lui l’étoffe d’un personnage politique.

Nous l’abandonnerons, quant à présent, pour nous occuper des deux chasseurs auxquels il était redevable du rude châtiment qu’il avait reçu et qui avaient quitté le camp aussitôt que l’exécution avait été terminée.

Ces deux hommes s’étaient éloignés à grands pas, et après avoir descendu silencieusement la colline, ils s’étaient enfoncés dans un bois touffu, où les at-