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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

ment sérieux avait eu lieu entre la garnison de Bejar et un détachement de volontaires texiens, commandés par Austin, un des chefs des plus renommés des insurgés ; malgré l’infériorité de leur nombre et leur ignorance de la tactique militaire, les colons avaient si vaillamment combattu et si bien manœuvré leur unique canon que les troupes mexicaines, après avoir subi des pertes sérieuses, furent contraintes de se mettre précipitamment en retraite sur Bejar.

Cet engagement fut le premier dans l’ouest du Texas après la prise du fort de Velasco ; il décida le mouvement révolutionnaire qui se communiqua avec la rapidité d’une traînée de poudre.

Alors de toutes parts les villes levèrent des troupes pour se joindre à l’armée libertadora, la résistance s’organisa sur une grande échelle, et de hardis chefs de partisans commencèrent à courir la campagne dans tous les sens, faisant la guerre pour leur propre compte et servant à leur façon la cause qu’ils embrassaient et qu’ils étaient censés défendre.

Le capitaine don Juan Melendez, environné de toutes parts d’ennemis d’autant plus redoutables qu’il lui était impossible de connaître leur nombre et de deviner leurs mouvements, chargé d’une mission excessivement délicate, ayant à chaque pas le pressentiment d’une trahison qui le menaçait incessamment, sans savoir où, quand, ni comment elle fondrait sur lui, devait user de précautions extrêmes et d’une sévérité impitoyable s’il voulait conduire à bon port la charge précieuse qui lui était confiée ; aussi il n’avait pas hésité devant la néces-