rent pas la portée de l’émigration américaine qu’ils avaient encouragée eux-mêmes dans son principe.
Huit ans à peine s’étaient écoulés depuis l’arrivée des premiers Américains au Texas et déjà ils en composaient presque toute la population.
Le cabinet de Washington ne cachait déjà plus ses projets et parlait hautement d’acheter au Mexique le territoire du Texas, sur lequel l’élément espagnol avait presque complétement disparu pour faire place à l’esprit oseur et mercantile des Anglo-Saxons.
Le gouvernement mexicain, enfin réveillé de sa longue léthargie, comprit le danger qui le menaçait de la double invasion des habitants du Missouri et du Texas dans l’État de Santa-Fé ; il voulut arrêter l’émigration américaine, mais il était trop tard : la loi rendue par le congrés de Mexico fut impuissante et la colonisation ne s’arrêta pas, malgré les postes mexicains disséminés sur la frontière, et chargés d’arrêter les émigrants et de les obliger à rebrousser chemin.
Le général Bustamente, président de la République, comprenant qu’il aurait bientôt à lutter avec les Américains, se prépara silencieusement au combat et dirigea successivement sous plusieurs prétextes, sur la rivière Rouge et la Sabine, différents corps de troupes qui ne tardèrent pas à atteindre le chiffre de douze cents hommes.
Cependant tout était tranquille en apparence, rien ne faisait prévoir l’époque où commencerait la lutte, lorsqu’une perfidie du gouverneur des provinces orientales la fit tout à coup éclater au moment où on y songeait le moins.