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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

tives hardies non-seulement des amoureux que sa beauté attirait comme le miel attire les mouches, mais encore à celles des gens sans aveu que les troubles avaient fait surgir et qui erraient sur toutes les routes comme des coyotes en quête d’une proie à dévorer.

Le chasseur, ne voulant pas laisser plus longtemps la jeune fille dans la position dangereuse où la plaçaient les circonstances, s’occupa activement à conjurer les malheurs qu’il prévoyait ; car, bien qu’il soit impossible, quant à présent, de savoir quels liens l’attachaient à cette jeune fille qui le nommait son père, nous constaterons qu’il avait pour elle un amour réellement paternel et un dévouement absolu ; du reste, en cela, Quoniam et Lanzi l’imitaient. Carmela n’était, pour ces trois hommes, ni un enfant, ni une femme : c’était une idole qu’ils adoraient à genoux et pour laquelle ils auraient avec joie sacrifié leur vie au moindre signe qu’il lui eût plu de faire.

Un sourire de Carmela les rendait heureux, le moindre froncement de sourcil les faisait tristes.

Nous devons ajouter que bien qu’elle connût toute l’étendue de son pouvoir, Carmela n’en abusait pas, et que sa plus grande joie était de se voir entourée de ces trois cœurs qui lui étaient si entièrement dévoués.

Maintenant que nous avons donné ces renseignements, bien imparfaits sans doute, mais les seuls possibles, nous reprendrons notre récit au point où nous l’avons laissé dans notre avant-dernier chapitre.