Page:Aimard - Les Rôdeurs de frontières, 1910.djvu/157

Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
151
LES RODEURS DE FRONTIÈRES

Parmi les provinces du vaste territoire de la Nouvelle-Espagne, il en est une, la plus orientale de toutes, dont le gouvernement des vice-rois a constamment ignoré la valeur réelle, ignorance conservée par la république mexicaine qui, à l’époque de la proclamation de l’indépendance, ne la jugea pas digne de former un État séparé, et sans songer à ce qui pourrait en arriver plus tard, la laissa insoucieusement coloniser par les Américains du Nord qui, déjà à cette époque, semblaient tourmentés de cette fièvre d’empiètement et d’agrandissement qui est devenue aujourd’hui une espèce de folie endémique pour ces dignes citoyens ; nous voulons parler du Texas.

Cette magnifique contrée est une des plus heureusement situées du Mexique ; au point de vue territorial elle est immense ; nul pays n’est mieux arrosé : neuf fleuves considérables portent à la mer leurs eaux grossies par les innombrables courants qui sillonnent en la fertilisant cette terre dans tous les sens ; ces fleuves et ces cours d’eau profondément encaissés dans des terrains meubles, ne forment jamais, en se répandant au loin, ces épanchements si communs en d’autres pays, et qui se transforment en marais fétides.

Le climat du Texas est sain et exempt de ces maladies affreuses qui ont donné une célébrité si sinistre à certaines contrées du Nouveau-Monde.

Les frontières naturelles du Texas sont la Sabina à l’est, la rivière Rouge au nord, à l’ouest une chaîne de hautes montagnes qui encadre de vastes prairies et le Rio-Bravo-del-Norte, puis enfin, de