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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

taine allait donner l’ordre du départ, elle s’approcha résolument de lui, et lui présentant un mechero :

— Mon officier, lui dit-elle d’une voix douce et mélodieuse, votre cigaritto est éteint.

— C’est ma foi vrai ! répondit celui-ci, et se penchant galamment vers elle, il lui rendit le mechero après s’en être servi, en lui disant : Merci, ma belle enfant.

La jeune fille profita de ce mouvement qui rapprochait d’elle le visage de l’officier pour lui dire rapidement à voix basse ces deux mots :

— Prenez garde !

— Hein ? fit-il en la regardant fixement. Sans lui répondre, elle posa son index sur sa bouche rose et se retournant vivement, elle rentra en courant dans la venta.

Le capitaine se redressa ; il fronça ses noirs sourcils et jeta un regard menaçant aux deux ou trois individus appuyés au mur, mais bientôt il secoua la tête.

— Bah ! murmura-t-il d’un air de dédain, ils n’oseraient.

Alors il dégaina son sabre dont la lame lança un éblouissant éclair aux rayons du soleil, et se mettant à la tête de sa troupe :

— En route, dit-il.

Ils partirent.

Les mules suivirent le grelot de la nena et les dragons disposés tout autour de la recua, l’enfermèrent au milieu d’eux.

Pendant quelques instants les quelques campesinos qui avaient assisté au départ de la troupe, suivirent des yeux sa marche dans les sinuosités de la