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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

au retour, et les trois hommes glissèrent dans la nuit comme trois fantômes.

Lorsqu’ils furent arrivés à une centaine de mètres environ de la colonie, le capitaine s’arrêta.

— Messieurs, leur dit-il alors d’une voix tellement faible, qu’ils furent obligés de se pencher vers lui afin de l’entendre, je vous ai choisis parce que l’expédition que nous allons tenter est périlleuse et que j’avais besoin d’avoir avec moi des hommes résolus.

— De quoi s’agit-il ? demanda Bothrel.

— La nuit est tellement sombre que ces payens maudits pourraient, s’ils le voulaient, arriver au bord même du fossé sans qu’il nous fût possible de les apercevoir ; j’ai donc résolu de mettre le feu aux arbres coupés et entassés de distance en distance et aux souches réunies en monceaux. Il faut savoir dans l’occasion faire des sacrifices ; ces feux qui brûleront longtemps répandront une lueur éclatante qui nous permettra de distinguer nos ennemis à une longue distance et de tirer sur eux à coup sûr.

— L’idée est excellente, répondit Bothrel !

— Oui, reprit le capitaine, seulement il ne faut pas nous dissimuler qu’elle est extrêmement périlleuse ; il est évident que des rôdeurs Indiens sont déjà disséminés dans la plaine, très-près de nous peut-être, et que lorsque deux ou trois feux seront allumés, si nous les voyons, eux ne manqueront pas de nous voir aussi. Chacun de nous va se charger des objets nécessaires, et nous tâcherons par la rapidité de nos mouvements de déjouer les ruses de ces démons ; souvenez-vous que nous agirons isolément et que chacun de nous a quatre ou cinq feux