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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

Du reste, c’est cet esprit chevaleresque habilement exploité par les Américains du Nord, qui, nous devons l’avouer à leur honte éternelle, en sont, eux, complétement dénués, a valu aux blancs la plupart des victoires qu’ils ont remportées sur les Peaux-Rouges.

À quelques pas de la colonie, les deux hommes retrouvèrent leurs chevaux qu’ils avaient entravés ; ils se mirent en selle et s’éloignèrent rapidement.

— Eh bien ! demanda Tranquille au chef, que pensez-vous de tout cela ?

— Mon frère avait raison ; le Visage-de-Singe nous a toujours trahis ; il est évident que cet acte émane de lui seul.

— Que comptez-vous faire ?

— Je ne le sais pas encore ; peut-être serait-il dangereux, en ce moment, de le démasquer.

— Je ne suis pas de votre avis, chef ; la présence de ce traître parmi nous ne peut que nuire à notre cause.

— Voyons-le venir d’abord.

— Soit ! mais permettez-moi une observation ?

— J’écoute, mon frère.

— Comment se fait-il qu’après avoir reconnu la fausseté de l’acte de vente, vous vous soyez obstiné à déclarer la guerre à ce Long-Couteau de l’Ouest, puisqu’il vous est prouvé qu’il a été trompé par le Visage-de-Singe ?

Le chef sourit avec finesse.

— Le Visage-Pâle n’a été trompé, dit-il, que parce qu’il lui convenait de l’être.

— Je ne vous comprends pas, chef.

— Je vais m’expliquer. Mon frère sait-il comment se fait une vente de terrain ?