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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

Tranquille avait cette même physionomie calme et ouverte que nous lui connaissons, rien dans ses manières ne semblait témoigner qu’il eût des intentions hostiles vis-à-vis des colons.

Le Cerf-Noir était, au contraire, sombre et sévère.

Le capitaine offrit près du feu des siéges à ses hôtes.

— Asseyez-vous, messieurs, leur dit-il, vous devez éprouver le besoin de vous réchauffer. Est-ce en ami ou en ennemi que vous venez vers moi ?

— Il est plus facile de faire cette question que d’y répondre, dit le chasseur avec bonhomie ; jusqu’à présent nos intentions sont bonnes : vous-même, capitaine, déciderez de la façon dont nous nous quitterons.

— Dans tous les cas, vous ne refuserez pas d’accepter des rafraîchissements ?

— Quant à présent, je vous prie de nous excuser, répondit Tranquille qui semblait chargé de porter la parole pour son compagnon et pour lui ; mieux vaut, je crois, vider de suite la question qui nous amène.

— Hum ! fit le capitaine intérieurement contrarié de ce refus qui ne lui présageait rien de bon ; parlez, alors, je vous écoute, et il ne tiendra pas à moi que tout ne se passe bien entre nous.

— Je le souhaite de tout mon cœur, capitaine, d’autant plus que si je suis ici, ce ne peut être que dans le but d’éviter les suites, soit d’un malentendu, soit d’un moment d’emportement.

Le capitaine s’inclina en signe de remerciement et le Canadien prit la parole.